Pour illustrer la variété du cycle énergétique des saisons, la beauté des éléments et la douceur du passage des saisons, je ne résiste pas à vous proposer un court extrait de ce très joli conte d’Andersen.
Un petit garçon « a les pieds mouillés » et sa maman lui fait boire une infusion de sureau. Bercé par les histoires que lui raconte son vieux voisin, l’enfant s’endort et rencontre la fée du sureau .
Chaque niveau de ce conte nous renvoie à une perception différente du temps et de l’espace, mais derrière ce voyage, nous retrouvons à chaque instant la douillette certitude de l’hospitalité de la terre que nous habitons et des êtres qui la peuplent, visibles ou invisibles.
Le sureau est un petit arbre aux vertus médicinales considérables. Diurétique, sudorifique, anti-inflammatoire, il facilite la digestion, lutte contre la grippe et adoucit la toux. Les abeilles et les papillons l’adorent.
Ses baies, très riches en vitamines A, B6, C, Fer donnent un délicieux sirop très parfumé et un vin que l’on mêle en Italie, aux graines d’anis.
Son bois creux était utilisé dans les temps anciens pour fabriquer de petites flûtes et l’on disait que les Dieux se nourrissaient de ses fruits.
Tout à fait magique ! Rappelez vous la baguette d’Harry Potter !
Notre petit garçon s’est endormi et voyage dans les mondes de la fée, devenu une ravissante petite fille :
» Ce fut le printemps et ce fut l’été, et ce fut l’automne et ce fut l’hiver; mille images se reflétèrent dans l’oeil et le coeur du garçon et toujours la fillette lui chantait : « Ça, tu n’oublieras jamais ! »….
Que le printemps est beau ici ! disait la fillette.
Ils étaient dans la forêt de hêtres en frais bourgeons, où le muguet vert exhalait à leurs pieds son parfum,
et les anémones roses pâle tapissaient délicieusement la verdure.
Oh !, si le printemps pouvait durer toujours dans l’odorante forêt de hêtres danoise.
Que l’été est beau ici ! disait-elle.
Ils passaient devant les vieux châteaux du temps de la chevalerie, où les murs roux et les toits à pignons se réfléchissaient dans les douves où les cygnes nageaient et contemplaient les vieilles allées paisibles.
Dans les champs les blés ondulaient comme une mer, les fossés étaient pleins de fleurs rouges et jaunes, les haies de houblon sauvage et de liserons, et le soir la lune montait, grasse et ronde,les meules de foin dans les prés fleuraient bon.
Jamais on n’oublie ça, disait-elle.
Que l’automne est beau ici ! disait la fillette.
Et le ciel s’élevait plus haut et plus bleu, les bois prenaient les plus exquises couleurs rouge, jaunes et vertes, les chiens de chasse couraient, des bandes d’oiseaux sauvages s’envolaient en criant vers le tertre funéraire, où les ronces s’accrochaient aux vieilles pierres ;
la mer était bleu sombre avec des voiliers blancs, et, dans la grange, de vieilles femmes, des filles et des enfants égrenaient du houblon dans une grande cuve ; les jeunes chantaient des chansons, et les vieilles femmes disaient des contes sur des trolls et des nixes.
Ce ne pouvait pas être mieux.
Que l’hiver est beau ici ! disait la fillette.
Et tous les arbres couverts de givre avaient l’air de corail blanc, la neige craquait sous les pieds comme si l’on portait toujours des souliers neufs, et du ciel tombaient sans cesse des étoiles filantes. Dans la salle, on allumait l’arbre de Noël, il y avait des cadeaux et de la bonne humeur ; à la campagne, le violon résonnait dans la ferme du paysan, les beignets de pommes sautaient en l’air.
Même l’enfant le plus pauvre disait : « Il fait tout de même bon l’hiver ! »
Andersen – La fée du sureau – extrait. trad. P.G. La Chesnais
Lire un conte d’Andersen, c’est comme manger un petit choux à la crème avec du caramel autour. Cela craque autour, fond délicieusement à l’intérieur et vous laisse un goût indéfinissable de bonheur et de nostalgie.