Un équilibrage alimentaire adapté aux mouvements des saisons et des énergies en l’homme, en étroite correspondance avec le mouvement des éléments dans l’univers, est source d’une bonne digestion, essentielle dans la pratique du shiatsu et des arts énergétiques internes. La prévention des déséquilibres physiques ou émotionnels ainsi que l’établissement d’une vie saine et harmonieuse ne sont en effet possibles que par l’action d’une énergie nourricière puissante et stable favorisant le fonctionnement efficace et synergique de tous nos organes.
Une bonne digestion est le fait d’un «feu énergétique» puissant et constant qui permet au corps de puiser dans le bol alimentaire, toute l’énergie qui lui convient.
Dans ma pratique du shiatsu et des arts de l’énergie, je me réfère souvent au proverbe japonais cité par un de mes maîtres Sizuko Yamamoto : «ki ketsu ei ei».
Ki est l’énergie, ketsu désigne le sang et ei ei l’alimentation juste, une nourriture quotidienne équilibrée produit un sang de bonne qualité et un corps sain, dans lequel l’énergie circule alors de manière optimale.
Pour favoriser cette circulation, il faut savoir reconnaitre et choisir un aliment en fonction, non pas seulement de nos envies, mais de sa vitalité, de sa saveur, de sa couleur, de sa forme.Pour favoriser cette circulation, il faut savoir reconnaitre et choisir un aliment en fonction, non pas seulement de nos envies, mais de sa vitalité, de sa saveur, de sa couleur, de sa forme.
La conservation et la cuisson des aliments doivent être ajustés au cycle des saisons et aux mouvements des éléments dans l’homme, ainsi qu’à sa constitution personnelle.
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Comment digérons nous ?
Notre nourriture a du goût, une saveur dominante, sucrée, salée, pimentée. Cette saveur qui exprime la variété de ce que nous mangeons, joue une rôle essentiel dans le processus de la digestion.
Les aliments-saveurs absorbés par l’estomac, sont rassemblés par la rate et répartis vers les autres organes qu’elle nourrit et stimule. Les saveurs correctement absorbées aident l’organe à produire son énergie spécifique.
Chacun de ces cinq organes (foie, cœur, rate, poumon, reins) gouvernent la nutrition d’un certain nombre de tissus, on peut ainsi considérer que les saveurs agissent sur l’ensemble du corps. L’action d’une saveur sur l’organe qu’elle nourrit est positive quand elle est consommée en quantité modérée et négative quand elle est consommée de façon exagérée ou carencée.
La saveur acide
La saveur acide, reliée à l’élément bois et au printemps, nourrit le foie, la vésicule biliaire, les tendons, les muscles et les yeux. Notre foie est un organe essentiel, qui aide la digestion et l’élimination des toxines de notre corps. Un foie en bonne santé permet au corps d’être nettoyé efficacement de l’intérieur .
La saveur acide est astringente, elle rassemble et resserre les tissus. Lorsque nous suçons un citron et que nous sentons notre bouche se contracter nous faisons l’expérience de l’astringence.
Les aliments de saveur acide (attention, cela ne signifie pas acidifiant) permettent de « resserrer » les liquides. Lors d’une diarrhée par exemple, d’une transpiration excessive, d’une toux persistante, la saveur acide aide à retenir les liquides qui tentent de s’échapper du corps.
Je vous conseille par exemple, de rajouter régulièrement quelques gouttes de citron à votre eau de boisson. Vous pouvez également avec profit, prendre le matin au réveil, un verre d’eau tiédie avec le jus d’un demi citron.
La saveur amère
La saveur amère est reliée à l’élément feu et à l’été, elle nourrit le coeur et nourrit également l’estomac et l’intestin grêle, la langue, les vaisseaux, le visage. Elle réduit l’excès d’énergie et draine le feu en nous.
Le feu désigne une activité physiologique excessive, inflammatoire de notre corps, par exemple des aphtes ou des éruptions cutanées, des cystites. Un excès de feu ou chaleur peut se traduire par des maladies physiques mais également par des désordres mentaux. L’hyperactivité du corps se traduit visiblement en cas d’excès de chaleur: éruptions cutanées du type acné, aphtes, cystites, des urines foncées ou encore une constipation. Au niveau mental, on parlera plutôt d’irritabilité, d’agitation de l’esprit, d’insomnie, feu bouillonnant qui empêche l’ apaisement.
L’amer possède un pouvoir énergétique durcissant et asséchant. Il est bien représenté parmi les plantes médicinales comme le quinquina, la gentiane, la centaurée.
Nous n’aimons guère en général les aliments de saveur amère, mais le thé par exemple, de saveur amère, peut être consommé avec modération, de préférence vert et sans sucre.
La saveur douce
La saveur douce, agréable, est reliée à l’élément terre, sans appartenir exclusivement à une saison spécifique. Elle nourrit la rate, organe fondamental qui organise l’assimilation de l’énergie transmise par la nourriture, répartit l’énergie corporelle, contribue à l’élaboration du sang et au développement harmonieux du corps. Une rate déséquilibrée cause des troubles de l’appétit et des problèmes de poids (obésité ou maigreur).
La saveur douce est harmonisante, elle nourrit, humidifie, nous aide à évacuer les tensions et à nous relâcher.Raison pour laquelle les aliments sucrés nous attirent davantage lorsque nous sommes nerveux, anxieux ou tristes.
Mais attention à la modération, la saveur douce est également associée à l’estomac et si nous en abusons, rate et estomac ne peuvent plus assurer leurs fonctions digestives. On risque alors de prendre du volume et du poids. Les symptômes d’un excès ou d’une carence de douceur sont par exemple les troubles du transit, les rhinites, sinusites ou l’hypoglycémie.
Les céréales et les légumineuses sont de saveur douce, tout comme les oignons, la citrouille ou la pomme de terre, par exemple. De nombreux fruits également sont de saveur douce. Ils humidifient l’organisme et apaisent la soif.
Attention de ne pas confondre saveur douce et sucré. Le sucré est une saveur extrême, en fait assez préjudiciable à l’organisme car excessive.
La saveur piquante
La saveur piquante, reliée à l’élément métal et à l’automne, nourrit le poumon et le gros intestin. C’est une saveur vive, offensive, le piquant fait pleurer le yeux, saliver, rougir le visage.
Le piquant conduit les liquides et l’énergie corporelle vers l’extérieur: la saveur est extériorisante et dispersante, fait circuler plus aisément l’énergie du corps. On mange beaucoup de piments dans les pays chauds : ils font transpirer le corps, permettent à la chaleur de s’échapper et à la température corporelle de se stabiliser. L’ail, les radis, les poireaux, le thym, la sarriette, le gingembre sont également de saveur piquante.
En cas de stagnation du corps et de ses fluides, d’oppression physique (comme l’oppression de la poitrine), mentale (l’irritabilité) ou sanguine (migraines, règles douloureuses), la saveur piquante stimule la circulation de l’énergie.
Si vous êtes fatigué, fragilisé par la maladie, la saveur piquante n’est pas recommandée, car sa fonction dispersante risque d’augmenter votre faiblesse.
La saveur salée
La saveur salée est reliée à l’élément eau et à l’hiver, elle nourrit les reins, la vessie, les os, les oreilles et les cheveux, elle assouplit, ramollit ou purge.
Shank Prakshalana est une méthode de hatha yoga pour nettoyer ses intestins en alternant l’ ingestion d’eau salée et la pratique de mouvements doux d’étirements et de torsion. Cette pratique efficace est réservée aux pratiquants avertis mais vous pouvez simplement en cas de constipation boire un petit verre d’eau tiède et salée. Cela vous aidera grandement.
Une consommation excessive de sel nous affaiblit, use nos reins et notre dos. Une bonne alternative est l’utilisation raisonnable du Gomasio, condiment traditionnel oriental, recommandé dans l’alimentation macrobiotique. Le gomasio est un mélange de sel marin gris et de sésame grillé, Selon Oshawa, le fondateur de l’alimentation macrobiotique, prendre régulièrement une petite cuillerée de gomasio aide à neutraliser l’acidité de l’organisme.
En conclusion
Résumons les principes de base pour une alimentation équilibrée et propice au bon fonctionnement de notre organisme.
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Manger en quantité modérée, en gardant toujours un petit espace vide.
« Manger comme un prince le matin, comme un marchand le midi et comme un pauvre le soir». -
Manger dans le calme, assis et avec plaisir.
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Bien respirer et bien mastiquer les aliments.
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Supprimer tout grignotage « sauvage » en dehors des repas. Si cela est trop difficile organiser un petit goûter avec un fruit et une tisane chaude ou un thé vert.
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Une boisson chaude pendant les repas, en petite quantité. Boire en dehors des repas selon sa soif, sinon cela fatigue la vessie.
- N’hésitez pas à vous reposer un moment après le repas.
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Organiser son repas autour des céréales ou des légumineuses avec des légumes de saison. Consommer plutôt du riz (évitez les céréales avec du gluten, même si vus n’êtes pas intolérant, votre digestion sera plus aisée) du millet, de la quinoa.
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Éviter au maximum (supprimer si cela est possible) les produits laitiers, surtout de vache, dont l’humidité et le froid affaiblissent considérablement la rate et provoquent des problèmes digestifs et allergiques et articulaires. Si vous craignez une carence en calcium, sachez que vous trouvez du calcium dans les amandes, le sésame, le persil, le chou vert, les brocolis, etc.
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Si vous consommez toujours des produits animaux, prenez un jour ou deux par semaine pour alléger votre alimentation en privilégiant les légumes et les fruits. Les protéines animales, extrêmement polluantes tant dans leur obtention que dans leur consommation, demandent beaucoup d’énergie pour être digérées. Elles excitent l’organisme, fatiguent le foie qui élimine les toxines, ainsi que le rein chargé d’éliminer les acides produits par cette consommation de protéines animale.
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Si vous avez des problèmes digestifs, ne forcez pas sur les crudités et privilégiez les fruits cuits, sans sucre (source de fermentation). Sachez cependant que cela n’est pas un fonctionnement digestif équilibré et qu’il convient alors de réhabituer et fortifier progressivement votre système digestif par un comportement alimentaire approprié.
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Consommez des huiles riches en oméga 3, 6 et 9, alternativement : huile d’olive, de tournesol, de colza ou de noix, qui ont une action bénéfique sur le système nerveux et l’intestin grêle (restauration de la paroi). Évitez l’apport en acide gras saturés : les mauvaises huiles, la margarine, le beurre cuit.
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Consommez les fruits en dehors des repas, vous risquez sinon des ballonnements et des flatulences.
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Proscrivez totalement l’épouvantable mélange de café au lait, viennoiserie et jus d’orange du petit déjeuner, à la française, source de terribles acidités ressenties ou non, mais très souvent confondues avec les « coup de pompe de onze heures ». En fin de repas, préférer la compote ou fruits secs.
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Variez les saveurs, les couleurs, les formes des aliments. Une assiette soit être festive, agréable à l’oeil et à l’odorat avant de solliciter le goût.
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Remplacez le sucre blanc par du sucre de canne non raffiné, le sirop d’agave.
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Ne mangez pas trop tard le soir.
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Utilisez des ustensiles de cuisine privilégiant une cuisson douce et respectueuse de l’aliment (vapeur, étouffée ) ou rapide et légère (wok), peu de cuisson au four et surtout pas de micro-ondes.
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Finissez le repas par une boisson chaude pour aider la digestion ( thé vert ou tisane parfumée).
Bonne digestion et pleine santé !